Comme fil de cet exposé, nous suivrons J.-A. Miller à partir de ce qu’il a nommé la « Théorie du caprice » dans son cours « Les us du laps ». Notons bien qu’il s’agit d’une théorie – c’est à dire d’une recherche et non d’un dogme.
Du caprice des dieux à celui de la mère réelle
Avant de définir le caprice féminin – s’il existe – remarquons d’emblée qu’il n’est pas exclusivement l’apanage des femmes. Le caprice renvoie d’abord à l’infantile, c’est-à-dire à la volonté impérieuse de l’enfant lorsqu’elle n’est pas encore régulée par la loi, cette dernière ne s’imposant pas à lui ou étant inopérante. On trouve également le caprice des dieux, illustré par la figure paternelle de Zeus qui ne cesse pas d’écrire le caprice comme symptôme sur le versant de la comédie. Zeus a des caprices pour telle ou telle mortelle, caprice au sens classique du mot c’est-à-dire être saisi du désir soudain d’une amourette passagère. En dehors de ses épouses légitimes (Métis puis Héra), il a d’innombrables aventures – avec Io déguisée en génisse, avec Europe déguisée en taureau etc. – qui donnent naissance à la race des héros et des demi-dieux.