« Aujourd’hui chacun veut jouir comme il l’entend et cela n’est pas sans effet pour le sujet, qui finit par rencontrer l’angoisse d’être seul et le désordre de la civilisation. La religion apparaît comme réponse possible au malaise. Son triomphe s’explique : elle porte au sujet déboussolé un discours pourvoyeur de sens. Dans les remparts du religieux, on peut se sentir quelques-uns et se tenir les mains ! La religion exhorte le sujet à aimer son prochain ! À l’aimer bien sûr, au point où… il lui ressemble ! Elle conduit donc à plus ou moins de ségrégation ou de violence, car souvent le prochain tient bon sur son mode de jouissance et échappe au bien qu’on lui veut…L’addiction est une autre voie. Là le sujet, laissé tout seul par l’Autre qui n’existe pas, veut sentir dans son corps Sa présence. Transporté, il s’immole dans son coin. Mais le paradis a l’odeur du soufre… »
Jean-Michel Basquiat, Philistines, 1982.