Il existe une ligne de partage entre la psychanalyse et ce qu’elle n’est pas. C’est en renonçant aux pouvoirs que son autorité de médecin lui conférait que Freud inventa un dispositif singulier de parole. Il décrivit ce dispositif dans son texte sur l’analyse profane rédigé en 1926 de la façon suivante : « Il ne se passe entre eux rien d’autre que ceci : ils parlent ensemble. L’analyste n’utilise aucun instrument, pas même pour l’examen, il ne prescrit pas davantage de médicaments […] L’analyste convoque le patient à une certaine heure de la journée, le laisse parler, l’entend, puis lui parle et le laisse écouter ». Nous sommes encore saisis par la portée d’une telle présentation qui s’oppose trait pour trait aux thérapies autoritaires qui sont basées sur la domination et la suggestion. Pour autant, faire venir, laisser parler, écouter, interpréter : n’est-ce pas trop simple, demande Freud…
Ernst Ludwig Kirchner, Intérieur avec deux filles, 1926