Louise Bourgeois, ‘Femme’, 2005
« Le siècle est celui des bouches cousues, des bouches qui s’embrassent elles-mêmes, des corps qui se jouissent, des symptômes addictifs qui ne se déchiffrent pas. On fait son marché et on se filme, consommé. C’est celui du retour des coupeurs de tête. La nouveauté se situe dans le spectacle qu’ils donnent, éhontés, sur le web. C’est aussi le siècle des blablas, des trahisons stratégiques et désenchantées, du relativisme des idées, de la société qu’on voudrait mondialisée, des paroles qui vident le monde de chair et de poids à mesure qu’elles sont dîtes. Celui de la science qui promet l’homme augmenté. Celui du transhumanisme de Google.
Le corps désincarné vole en éclat sous nos yeux connectés ; sous couvert de pragmatisme, l’impossible est nié.
Il ne s’est rien passé. Il ne s’est rien passé. Il ne se passera rien…»